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textes & critiques textes & critiques bienvenue sur mon blog blog a propos texte de marina pastor pour léa bergez publié le 3 novembre, 2008 dans non classé . 0 commentaire géographies volontaires les cités, nébuleuses qui s‛étendent discontinuellement sur l‛espace, agglomérations ayant tendance à se convertir en mégalopoles n‛ont pas encore couvert toute la planète avec tous leurs noyaux de concentration. dans ces zones libres, ces vides, se situent les oeuvres de léa bergez. les natures, cosmos qui par une sorte de mécanisme cannibale convertissent la réalité urbaine en une sorte de crevasse, de contretemps au désir, se résolvent dans le naturel, cela qui se définit toujours, d‛une manière ou d‛une autre, comme « l‛autre », comme un lieu sans limite qui se mesure entre les villes, entracte ou intermède de ce qui arrive là-bas. les peintures de léa développent en cela leur ambiance, mais elles ne découlent pas de la nostalgie pour un passé ou un espace déjà irrécupérable, elles ne veulent pas retenir, ni pour un instant, le désir ardent d‛une quelconque classe de condition qui, comme humains, ne nous appartient plus. ses travaux naissent d‛une dimension critique favorisée par la tension entre le panoramique et le détail, tension dans laquelle les deux sont altérés, ne se révèlent pas homogènes et enrichissent l‛expérience de notre quotidien. le naturel est ici le laboratoire où nous expérimentons le « quoi-faire » de nous même et qui se montre comme temps, celui de la superficie picturale, mais aussi le temps intime, celui de notre construction qui dans l‛oeuvre de léa va beaucoup plus loin que celle de notre rôle de spectateur. léa propose une nouvelle synthèse entre nature et culture, avec un support conceptuel qui a d‛inédite la composition d‛un temps renouvelé, celui qui se respire sur la superficie poreuse des textures, des coups de pinceau ; celui du devenir du naturel à une époque qui, bien que se prétendant comme celle de la visibilité totale, médite rarement sur la vision même. si notre patrimoine personnel d‛images a un besoin continuel de visualiser des symboles, les images de léa bergez paraissent être le résultat d‛un imaginaire qui travaille au-delà de notre iconologie urbaine, nous recentrant sémantiquement au-delà de notre parasitisme, de notre conceptualisation comme simples consommateurs, comme producteurs accélérés de déchets; peut-être parce que nous avons seulement conscience de notre environnement quand celui-ci entre en crise. pendant ce temps, nous paraissons nous alimenter de tout ce qui disparaît de manière presque instantanée. c‛est peut-être pour cela qu‛aujourd‛hui le naturel nous apparaît toujours sous l‛égide de la survie. de cette dimension de confusion significative, les travaux de léa invitent à abandonner la contemplation, la simple complaisance de la superficie picturale, pour nous faire changer les limites du binôme présence/ absence, pour nous faire entrer en scène et expérimenter cette deuxième réalité indocile, critique et transgressive. transgression : les peintures de léa nous montrent notre culture de la consommation dans ses déchets empilés, devenus montagnes, notre civilisation dans sa poubelle plastique et monétaire. en elles, les mégots nous font ressentir la respiration agitée, la toux; les résidus, la propre satiété, métaphores de toute forme d‛excés, obscénité de cette machine infernale qui parait capable de transformer n‛importe quelle chose en dépouille, ceci est notre sol nourricier, fertilisant synthétique que nous occultons en de verts containers qui nous font l‛oublier et oublier, qui envoient dans l‛au-delà ces productions de la civilisation. les résidus urbains occupent aussi ces vides que nous définissions au début, authentiques dépotoirs de désirs qui ne se rassasient pas avec le gaspillage et qui suivent leur propre vie de consomption en cette terre inhabitée, cet espace qu‛occasionnellement nous apercevons quand nous tentons de nous échapper, lorsqu‛on ne peut plus supporter la surproduction de nous-même et de nos désirs, l a surexploitation du naturel. nous, qui sommes aussi un troupeau agité et sortant des limites du tableau dans la peinture de léa bergez, habitons ce micro-climat qui est aussi social, dans cette même dévastation de l‛espace vital par accumulation expérimentale, par une surdimension de l‛urbain, par incapacité d‛établir la propre communication sociale. si nous avons affirmé que les travaux de léa bergez sont tissés de temps, ce n‛est pas seulement parce qu‛ils concernent cette composition de nous-même, mais aussi parce que sur la surface picturale se génère un dynamisme qui fait que l‛artifice en est absent ; ils se constituent comme la copie entre le naturel et le naturel, ce voyage dans lequel nous nous trouvons avec la mesure de la durée. les uniques lois présentes ici sont celles que marque le lieu naturel, definí comme celui dans lequel le devenir se transforme en critère, dans lequel sont impossibles les annotations temporelles. avec lui, l‛écologie du paysage se mélange à celle del‛humain grace à l‛interaction du microcosmos, du détail amplifié jusqu‛à ce qu‛on ne puisse presque plus le reconnaître, et du macrocosme, panorama dans lequel les figures sont parfaitement intégrées. avec cela nous devenons actifs : rien dans les peintures de léa ne paraît être à notre mesure, mais en elles nous trouvons les dimensions du monde que nous laissons échapper à notre vision quotidienne, au-delà des amplifications ou réductions des artifices techniques. sans doute ce fait éloigne-t-il ces oeuvres de l‛instantané photographiques en les amenant beaucoup plus loin puisqu‛elles supposent une dérive du temps vers l‛espace, un détour imaginaire du rebut au recyclage, une inversion qui transforme la donnée ridicule en contexte. l‛anecdotique révèle ici plus une manière d‛être que de se tenir. une dérive de l‛espace vers le temps : au-delà du reconnaissable, de la distance, dans ces oeuvres surgit la volonté d‛une ambiance informelle, un fil d‛ariane qui nous guide dans le labyrinthe de trois territoires dynamiques, celui des superficies picturales qui accueillent une triple densité : chromatique, matérielle et conceptuelle dont le jeu est inhabituel ; entre le détail et le panorama se génère une tension que nous devons réaliser au-delà de notre passivité de spectateur. entre ces trois dimensions nous devons réaliser des continents de liaisons dans un globe terrestre constitué comme pure extension plastique et que nous pouvons faire sortir de sa trajectoire orbitale, générant ainsi et avec léa une troisième nature, celle que nous pouvons laisser émerger d‛une manière volontaire, celle que nous acceptons comme sylvestre, comme sauvage. triplicité : remplir de nouveau l‛infini au sein du naturel qui nous entoure, un infini négatif s‛approchant de la volonté d‛un insecte, d‛un microcosmos du détail en l‛amplifiant mais aussi d‛un infini positif dans la dimension de la distance que génère le paysage, qui le convertit en un panorama. dans les peintures de léa, nous devons trouver entre les deux notre propre position dans le monde, cette position de proximité qui ne transforme pas le naturel en quelque chose de lointain ; cette atmosphère de fusion entre la figure et le fond, dans laquelle les deux sont remarquables ; ce lieu qui se trouve bien au-delà de notre consommation urbaine de l‛espace, plus loin que cet emplacement quotidien dans lequel le temps nous est compté continuellement, dans lequel nous ne consistons qu‛à passer. peut-être que pour cela, une des choses qui définisse le mieux la peinture de léa bergez est que le paysage ou environnement est celui qui s‛écoule, tout comme la planète tourne, il n‛est pas empaqueté comme expérience, expérimentation ou panorama. il est une énigme. en fait, les oeuvres de léa bergez rompent avec ces ambiances quotidiennes dont nous ignorons les délicates structures et qui nous ramènent à un temps profond, celui qui se crée dans les fi